marie-josée roy, sculpteure
Il n'y a pas beaucoup de journées aussi chaudes au Québec. Quatre ou cinq, tout au plus. Mais ce jour-là, sur l'autoroute 40, entre Montréal et Trois-Rivières, au volant de ma Honda Civic, je remerciais l'inventeur de l'air climatisé!
Après un trajet d'environ 135 kilomètres, j'arrive à la forge. La porte, légèrement entrouverte, laisse voir une grande pièce sombre.

Tout au fond, Marie-Josée Roy, portant blouson de cuir et bonnet de laine callé jusqu'aux oreilles, est en plein travail. Une bouffée de chaleur m'envahit. «Je n’ai pas le choix, je dois me protéger des flammèches», me dit-elle tout en venant vers moi.

Ça fait toujours drôle de rencontrer son homonyme pour la première fois. Surtout lorsque l'on s'aperçoit que l'on a pas mal de points en commun.
Toutes deux plutôt timides, nous décidons sans plus tarder de nous mettre au travail, histoire de casser la glace…

Nous empoignons nos outils respectifs. Marie-Josée enfonce son casque protecteur et descend la visière.

Elle jette un dernier coup d'œil vers moi. «Fais attention!», me prévient-elle. L'endroit, tantôt si sombre, s'illumine illico. Les étincelles dansent dans toutes les directions.

Après l'avoir chauffé et martelé à plusieurs reprises, peu à peu, le matériau prend forme.

À l'origine tubulaire, son extrémité s'arrondit pour former la tête d'un personnage filiforme.

La ferronnerie d'art est un travail physique qui demande dextérité, savoir-faire et dans le cas de Marie-Josée Roy, une grande créativité. Le fer, ainsi mis en forme, devient fin, sensible, marqué d'une touche quasi... angoissante.

La chaleur est toujours aussi suffocante, mais nous sommes toutes deux tellement imprégnées par notre travail que nous cessons rapidement d'y penser. La journée se termine, je reprends la route direction Montréal, en espérant que ce ne sera pas notre dernière rencontre.
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