MARIE-JOSÉE ROY • photographe • Bas-Saint-Laurent • 418-605-1763..........................................

 

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lilison di kinara | L'Afrique en tête

Les tableaux de Lilison Di Kinara sentent l'Afrique. Ils en sont directement inspirés. La jute perforée, les textiles colorés, le bran de scie et la paille séchée, les pièces de bois bigarrées, les morceaux de cartons déchirés, tous ces matériaux bruts qui s'entremêlent sur ses œuvres lui rappellent son enfance en Guinée-Bissau. Là où l'on fait beaucoup avec peu.



Lilison a fait plusieurs escales avant de s'installer à Montréal. Il vit maintenant dans un petit appartement du quartier italien, mais beaucoup trop étroit pour réaliser de grands formats. Nécessité oblige, il négocie avec son proprio un espace dans le garage de son édifice.

À travers les voitures parfaitement stationnées sous la lumière tamisée des néons, on aperçoit des amas de cartons et de morceaux de bois, quelques sacs poubelles remplis de trouvailles et un peu moins d'une dizaine de tableaux à peine entamés.

Ce matin, c'est la journée idéale pour travailler. Le ciel est légèrement couvert, la chaleur est un peu moins accablante que les jours précédents. Lilison s'attarde aux derniers éléments qui seront collés, cloués, brochés et même cousus sur les toiles avant de tout sortir dans la ruelle.



Il aligne ses canevas contre le mur de brique et s'assoit en retrait. Tout en préparant son matériel, il regarde chaque pièce, se laisse inspirer par elles. «Celle-ci est pratiquement terminée, mais je dois ajouter un peu plus de texture à ces deux-là ».

Lilison plonge sa main dans un sac en plastique profond pour y ressortir du bran de scie finement découpé qu'il projette sur la surface.



Perpendiculaire au boulevard Saint-Laurent, la ruelle est très animée. Les camions viennent y livrer leurs marchandises, les voitures klaxonnent et les passants s'arrêtent pour discuter un peu avec l'artiste, mais Lilison passera la journée concentrée sur son projet. «C'est Ramadan, c'est pourquoi je travaille autant... ça me permet de libérer mon esprit et de penser à autre chose qu'à la nourriture!»

Même si l'esthétisme des œuvres de Lilison est brut et découle du courant de l'Arte povera, chaque petit détail est réfléchi.

Après avoir longuement examiné un de ses tableaux, il sort une craie noire, se dirige vers celui-ci et y applique quelques touches. «Tu vois, c'est ce qui lui manquait!»

Durant ces quelques heures, Lilison restera pensif.

Ce n'est que vers la fin de la journée qu'il me révélera quelques détails de son enfance. «Quand j'étais petit, je rêvais de devenir joueur de foot professionnel!»

Avant de quitter, je lui demande pourquoi il est si attiré par les textures et les matériaux qu'il utilise. Il me répond simplement : «c'est l'Afrique!»

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